Le présent livre en langue française
ne représente pas la traduction
fidèle de la version roumaine. Il couvre une période historique plus courte que
précédemment (jusqu'en 1949) à cause des
développements nouveaux qui y sont insérés, de la documentation inédite, enrichie de photos, de schémas de
prisons et de sentances de condamnation.
Le déroulement des faits qui n'ont
pas pu être évoqués dans le
présent ouvrage sera poursuivi dans le deuxième tome en langue française.
Des gens
étrangers â la souffrance roumaine ont essayé d'empêcher la parution de cet ouvrage .D'autres,
par des actions déloyales, ont voulu provoquer la désinformation sur le drame du peuple roumain.
Mais
personne et rien ne pourra faire obstacle à la révélation de ce qui s'est passé en Roumanie sous la terreur communiste, vérité qu'on a voulu trop longtemps cacher.
Je remercie l'ancien Président Valéry
Giscard d'Estaing qui m'a sauvé des griffes du communisme.
Je remercie le Président Ronald
Reagan qui dirige les États Unis sur le chemin qui mènera à la libération des Pays dominés par des régimes
totalitaires et à l'instauration d'une liberté démocratique
dans le monde entier.
Je remercie les amis aux idéaux
politiques national paysans qui m'ont
confié la tache de réorganiser le parti en exil et de faire connaître au monde civilisé les barbaries commises à l'égard du peuple
roumain, sans oublier les héros et en
se souvenant également des traîtres ou des « collaborateurs ».
Je remercie tous ceux qui m'ont élu
dans le comité C. N. R. et P. N.
P., organisations politiques en exil, dont l'activité consiste à répondre aux besoins des 23
millions d'habitants qui se
trouvent en proie à l'esclavage communiste.
Une pensée
reconnaissante pour Nicolae
Constantinescu, qui s'est
dévoué entièrement à la lutte pour la sauvegarde du pays et grâce à qui on peut aujourd'hui rendre hommage aux héros qui ont sacrifié leur vie
pour la liberté de la
Roumanie.
Je déplore la mort inattendue d'Ovidiu Borcea.
Seuls ceux qui ont subi les tortures des communistes et leur ont tenu tête en défendant leur dignité,
sont décidés à révéler la
vérité cruelle, en désignant les vrais coupables, et «vous qui n'avez pas partagé nos
cellules», pensez à ce que vous
auriez pu subir en choisissant la voie de l'honneur et de l'honnêteté. Ne vous laissez pas berner dans votre bonne foi. Méfiez-vous de
la désinformation et de
l'infiltration déguisée. Le dialogue ou la politique culturelle, comme la coexistence pacifique ou la
réconciliation dans ces
conditions, où les communistes ne font que tricher, s'avèrent être des notions dont le contenu est empoisonné.
La vraie culture signifie montrer en
permanence les crimes commis à l'égard
de nos parents et de nos frères, décrire les gémissements des prisons roumaines ou rappeler le sang innocent qui a coulé sur le
canal Danube-Mer Noir; la douleur des
enfants restés sans père, les morts jetés en bordure des chemins, les gens harcelés par les
communistes pour leurs opinions
politiques ou religieuses.
On ne peut parler du lendemain ou
d'une continuité des traditions
culturelles avec la sauvegarde de leur patrimoine autrement qu'en trempant sa plume dans le
sang du peuple roumain dont on connaît la douleur. Rien ne doit tomber dans l'oubli. Ceux qui
rougissent aujourd'hui en faisant
semblant d'oublier ces atrocités, ont sûrement quelque chose à se reprocher;
s'ils sont vraiment innocents et n'ont pas les mains tachées du sang des victimes,
il est temps pour eux de se
réveiller.
Après 5 ans d'efforts inouïs, de
discussions stériles, d'incroyables
obstacles rencontrées, dus aux exilés, j'ai réussi enfin, à travers ce livre paru en français,
à lever le voile de l'oubli et à
faire connaître au monde libre le génocide subi par le peuple roumain.
Je remercie tous ceux qui m'ont
encouragé et soutenu dans cette épreuve
qui a entraîné une terrible tension, je remercie les personnes qui ont mis à ma disposition toute documentation si modeste fut—elle,
autant en Roumanie qu'ici, je
remercie ceux qui ont traduit et corrigé cet ouvrage et je leur sais gré pour leur apport à la
reconstitution des réalités de
notre pays, d'autant plus que, depuis le 6 mars 1945, dans la presse communiste de Roumanie on
ne trouvait plus que des
mensonges destinés à désinformer le monde entier.
Cicérone Ionitoiu
JE DEDIE CETTE CHRONIQUE A LA MEMOIRE:
—du colonel Utza Ion, du commandeur
Domasneanu Petre, de
l'ingénieur Vernichesco Aurel, de l'avocat Ionesco-Teregova, du colonel
Arsenesco, du major Dabija, du lieutenant Arnautoiu, qui avec beaucoup d'autres roumains, se sont réfugiés dans les forêts de notre
pays, levant les armes contre
l'envahisseur et ses acolytes, essayant de défendre les opprimés;
—des officiers: Jenica Arnautu et
Anastasiade, morts dans les prisons
communistes en faisant la grève de la faim, pour protester contre les méthodes d'extermination
imposées à des centaines de
milliers de roumains;
—de ceux qui n'ont plus supporté les souffrances dans les prisons, convaincus que nous
n'allons pas oublier leurs sacrifices
et que nous lutterons pour libérer la Roumanie de la dictature communiste;
—de tous les
survivants du régime d'extermination, des camps et des prisons, qui vivent aujourd'hui dans la misère et le dénuement;
—des parents qui ont vainement! tendu leurs enfants arrachés à leur
sein pour être sauvagement tués par des brutes inhumaines venues des steppes de Russie;
—des tous les enfants qui n'ont pas connu leurs parents exterminés dans les prisons communistes, ainsi que Victoras qui n'a pas connu son père,
mort, tué par les organes
de la «Securitate» d'Etat.
Plongé dans mes souvenirs, j'ai
pleuré et écrit, écrit et pleuré.
Vous ne trouverez rien dans ce livre
que les larmes et le sang coulés de
ceux qui ont combattu pour défendre la liberté et la justice de la Roumanie.
C'est la souffrance de tout un peuple qui depuis des
millénaires lutte pour
cette liberté, d'un peuple hospitalier même envers ses ennemis.
Ce livre se propose de dévoiler la
tragédie d'un peuple qui a perdu
sa liberté.
Je me dois de souligner que les
descriptions faites dans («Sépultures sans nom, ou sans croix, ou encore tombes anonymes») ont été faites à l'image
du monde où l'on a mené par la force
tous ceux qui ont dit un NON catégorique à l'instauration du régime communiste. Les années qui ont suivi ont confirmé le bien
fondé de leur combat.
Ont été également soumis à
l'extermination tous ceux soupçonnés d'être des adversaires du gouvernement répressif instauré par les troupes
soviétiques. Nombre d'entre eux ont été les victimes de la vengeance de ceux qui convoitaient un poste ou un logement.
D'autres encore, d'autres délateurs, étaient animés par des motifs encore plus mesquins.
La faute imputable à ceux qui ont
pris «le chemin de la croix» était l'amour
d'un même peuple (des ancêtres), l'amour d'une patrie, l'amour d'une foi.
Pendant ce temps, des hommes sans foi
ni loi mettaient en péril la
Liberté et l'Indépendance de l'État Roumain.
Ces pages nous font part des
tortures, de méthodes inhumaines, d'hommes qui ont résisté soit grâce à un
support moral, soit qui ont cru
survivre en marchant sur des cadavres d'amis, voire des proches de leurs familles. Certains ont pu trouver une force intérieure
et ont montré qu'ils paient des
victimes du danger marxiste , qui déjà depuis décennies n'a laissé derrière que larmes et sang.
D'autres encore échappés à cet
étau, continuent à vivre un cauchemar permanent.
Après cette triste expérience, vécue
par plus d'un million de
Roumains, et parmi lesquels plusieurs centaines de milliers reposent à jamais dans des fosses
communes, la conclusion est que l'Homme doit rester un être libre, dont la seule lutte doit être celle pour la
sauvegarde de la vie et pour le progrès.
Parallèlement à la vie infernale des
prisons et des lieux d'extermination,
il y avait un monde, «le DEHORS», dit «libre» et au sein duquel ont également eu lieu des bouleversements et déchéances.
La morale des détenus politiques ne
doit être jugée que par eux-mêmes, et
à travers les conditions inimaginables pour un esprit sain où les faits ont eu lieu.
Les vrais fautifs étaient «dehors»,
dans ce monde soi-disant «libre» et
où l'on a recruté des tortionnaires parmi le peuple roumain. La déchéance était «dehors», où,
sans un mot, sans un geste, des
gens ont prêté main forte pour installer un régime de surveillance pour tous, et ceci dans tous les domaines. A la suite, la
délation a atteint des proportions effrayantes; des hommes de main, en
majorité recrutés parmi la
lie de la société, ont semé la terreur partout.
Ces aspects, seront également
signalés, et je suis convaincu que d'autres que moi-même, de plus en plus nombreux, dévoileront les atrocités commises par ces
«hommes libres». Ces atrocités
se révéleront être encore plus terribles que celles accomplies par les fauves entre eux; un combat sans pitié.
Tous ces comptes-rendus sont utiles à
présent car le déroulement des événements a été faussé par la presse de l'époque, monopole du Parti Communiste,
sous la direction des conseillers soviétiques. Le monde
entier doit savoir nue la censure a
été omniprésente à partir du moment où les Russes ont
mis les pieds en Roumanie. Pendant la brève période où quelques journaux
d'opposition paraissaient encore,
les articles y étaient massacrés —à tel point que parfois on ne comprenait plus rien du sujet
débattu, et que les emplacements
sur le papier restaient vides, avec juste la signature de l'auteur!
La presse
communiste et celle qui lui était acquise, par contre, dénaturaient
l'information sans aucune gène: Tout a été remodelé, et les propos injurieux distribués,
alors que l'on passait
sous silence les crimes commis par les communistes.
Actuellement, après 40 ans, les
mensonges consignés dans la presse du moment sont pris comme référence. De même, on utilise comme source de
documentation certaines déclarations rédigées en prison, obtenues par chantage
où promesses vaines. Dans
le prochain tome, cet autre aspect sera, lui aussi, éclairci à l'aide de ceux
qui auront compris que la lumière
doit être faite.
Les déclarations recueillies auprès
de ceux qui ont traversé l'enfer
communiste constitueront un tableau réel du drame roumain, et auront pour but d'aider les
générations à venir à se méfier
des régimes dictatoriaux.
La vie des détenus politiques dans
les camps d'extermination de
Roumaine a été fonction directe de l'évolution des relations internationales, la dureté du régime
répressif croissant
proportionnellement à la tension entre les grandes puissances. C'est pourquoi je continuerai à placer
les tristes événements
appartenant à ce monde sans espoir dans le contexte des relations entre ces deux mondes: l'Est
et l'Ouest.
La vie des détenus politiques,
opposants au régime dictatorial
communiste, et sacrifiés par les dirigeants du monde libre, sera fonction de la courbe ascendante
ou descendante de la tension
internationale, et en même temps de la résistance des détenus aux tortures et
aux méthodes d'extermination appliquées aux incarcérés.
En mettant l'accent sur
ce qui s'est passé «là-bas», dans le monde sans espoir, nous avons voulu faire parler les morts, comme l'a fait Sergiu
Mandinesco, qui a ressuscité afin de donner l'alarme avant de quitter
définitivement cette vie tumultueuse:
«Réveillez-vous avant que vos têtes
n'embellissent les terres de l'Asie
Réveillez-vous ! Nous éclairons
de nos larmes le profond précipice ».
Nous nous demandons comment de telles choses ont pu
se passer. La réponse ne peut être trouvée ailleurs que dans la tolérance de ceux qui ont négocié et sacrifié
ce qui ne leur appartenait pas:
LE DROIT DES PEUPLES A
L'AUTODETERMINATION
L'humanité n'est pas encore
réveillée. L'Union Soviétique prend comme principe de base «la force l'emporte sur le Droit». En même temps, elle
entretient depuis 40 ans le mythe revanchard des dangers impérialistes, fascistes, sionistes, ecclésiastiques, au gré
de ses intérêts. Parallèlement, ce sont
les Russes qui attaquent et avancent pas à pas, appliquant les méthodes les plus abominables, s'étendant comme un cancer.
L'humanité voit
et se tait!
Les crises économiques et sociales
lacèrent le monde marxiste, et font
couler larmes et sang partout où la botte russe s'est posée.
Le monde voit
encore et se tait!
Seule l'Union Soviétique «crie» et
continue à défier ce monde libre et
civilisé en diversifiant ses méthodes d'infiltration, allant des mouvements pacifistes,
soi-disant de purification de la
nature, ou de libéralisation de l'anarchie, et jusqu'aux actions terroristes visant ainsi tous
ceux qui s'opposent à sa politique néfaste, attaquant même les Chefs d'État.
Le but de nos «modestes prestations»,
de par notre triste expérience
est aussi de montrer aux peuples libres ce à quoi ils peuvent s'attendre de la part de l'ordre
communiste le mensonge, la
misère, la falsification et la terreur dominant tous les secteurs de la vie politique et privée.
Cicérone Ionitoiu
Hommage au professeur universitaire Ion Mercureanu
Le père est parti. Il a quitté comme
chaque matin sa maison, pour se
rendre à l'institut. Mais il ne revint jamais. Dans son logement, pendant deux
jours et deux nuits des
indésirables s'y sont installés.
Qu'attendent-ils? Dieu seul le
sait. D'une amabilité excessive ils ne
permettent aucune activité dans la maison. Si le téléphone vient de sonner ils décrochent
promptement pour répondre. Si
on sonne ils se précipitent pour ouvrir et inviter poliment la personne à l'intérieur. Si on doit se rendre à la salle de bain,
poliment ils vous accompagnent porte ouverte... pour qu'il n'y ait pas de surprises.
Un bon matin ils partirent. Ils
étaient trop pressés, les gens du
désordre social, pour avoir le temps de dire au revoir. Danutz, l'enfant précoce, leur fit
l'honneur de leur tendre la main.
Lorsqu'ils fermèrent la porte derrière eux, Danutz demanda les yeux en larmes: —Mimi, quand est-ce
que père rentrera?
—Il rentrera mon
enfant, tâche d'être sage!
—Je le serai... plus sage que
d'habitude! Mais je voudrais que papa rentre.
Peu de temps après, la sonnette du téléphone retentit.
Le gosse se précipita
pour décrocher pensant que c'était son père. Mais au bout du fil une voix sévère lui répondit!
—Je veux la
camarade...
—Mimi...
c'est à toi qu'il veut parler...
dit péniblement Danutz.
—Oui, c'est bien... je viendrai. A quelle heure? A
8h du matinPC'est bien.
Après avoir
raccroché le gamin demanda:
—Mimi, qu'a-t-il dit, quand est-ce qu'il va rentrer
papa?
—Il viendra mon petit, mais en attendant, demain matin c'est moi qui dois me rendre
chez eux... j'espère que tu seras sage... et que tu m'attendras.
—Oui Mimi, je serai sage. Tu me
donneras des bougies et je dirai des
prières en attendant ton retour.
—Oui, mon petit ,je t'en donnerai...
Tu téléphoneras à ton grand-père
si je ne suis pas de retour jusqu'à dix heures du soir et il viendra dormir chez nous.
—Je téléphonerai
Mimi!
Ils firent leurs prières devant
l'icône et se couchèrent. Danutz eut un sommeil agité. Sa maman le veillait en feignant de dormir.
Le matin, lorsque la mère descendit
du lit, Danutz se leva aussitôt.
—Mimi, mets les bougies et la boîte
d'allumettes sur la table!
—N'oublie pas ce soir à 10h de
téléphoner à ton grand-père si je ne
suis pas de retour.
—Oui, Mimi... je vous attendrai tous
les deux, car je vous aime
beaucoup!
Après avoir mis de l'huile dans la
veilleuse devant l'icône, la maman
a allumé la bougie. Ensuite elle embrassa Danutz une première fois, une deuxième fois, elle n'avait pas envie de partir— Mais
elle sortit embrassant une dernière fois
du regard son enfant, avant de fermer la porte à clé.
Danutz, assis devant la table,
suivait du regard les aiguilles de
l'horloge prenant soin
d'allumer les bougies les
unes après les autres pendant que ses lèvres murmuraient des prières. Il prenait conscience de la gravité
du moment et de sa tache pour venir
en aide à ses parents par des prières
qu'il murmurait sans cesse.
* ** **
Pendant que les aiguilles de
l'horloge continuaient à tourner, invisibles, sa mère, elle aussi était assise devant
une table et disait :
—Je ne le sais pas. Je n'ai jamais
remarqué des gens qui venaient voir
mon mari. Il était préoccupé uniquement par les sciences, vous êtes au courant, je pense?
—Laissons les contes à dormir debout!
C'était seulement la
couverture pour cacher son complot contre la classe ouvrière. Nous connaissons tout cela... des gens de
sciences.
—Je vous ai dit la vérité!
—On vous dira, nous, ce qu'il
faisait! Il complotait! Voilà ce qu'il faisait! Toi, tu étais au courant et tu
cherchais à le couvrir! Tu finiras
bien par tout avouer, et elle reçut un coup de poing.
Mais la mère n'entendait plus rien...
sa pensée était auprès de son enfant... de temps à autre on
l'entendait dire:
—Je ne sais rien
de tout ce que vous me racontez.
—Tu crois que ce sont des
histoires... Bien! Tu ne sais donc rien. Tu resteras ici jusqu'à ce que tu te souviennes de tout, on a les moyens pour rendre
bleu la plante de tes pieds ainsi que
ton derrière. On t'apprendra à lire autrement que tu t'y prends avec tes enfants à l'école !
Elle avait perdu tout espoir. Le mari
arrêté... Le petit abandonné...
«Est-ce que les prières de cet enfant innocent seront-elles entendues?» pensait la pauvre
maman pendant que le temps
s'écoulait. Aux murs il n'y avait rien. Sur la table, du papier pour écrire... écrire... Elle avait devant elle l'image de Danutz.
«Est-ce qu'il aura peur tout seul? Et que va-t-il devenir si on m'arrête aussi? Ne va-t-il pas paniquer?»
Pendant ce temps une porte latérale
s'était ouverte et la voix du
major Moldoveanu un peu moins rude se fit entendre:
—Tu ne veux pas penser à ton mari,
soit, mais quelle mère es-tu pour
oublier ton enfant? Tu nous fais faire la navette comme si on n'avait que ça à faire!
Tout d'un coup, de la chambre à côté
un sanglot d'enfant se fit
entendre qui implorait en pleurant:
Mimi... parle Mimi, on pourra
rentrer après... Pense que je suis seul
Mi... Parle Mi... je t'en prie Mi... parle...
Et la porte se
referma sur le major.
**
A la maison, Danutz toujours devant
la bougie, ne bougeait pas. Ils
sonnèrent, 2 h de l'après-midi, 4h, et...
Il n'avait rien
mangé, il n'avait plus faim.
Il priait sans s'arrêter répétant les
prières qu'il connaissait
auxquelles s'en ajoutaient d'autres qu'il exprimait lui-même... dans l'espoir
qu'elles soient entendues.
Dehors il faisait
nuit.
Il se leva, alluma
et se rassit.
Il aurait pu rester seulement avec la
bougie allumée, mais il pensa
qu'il valait mieux que les gens voient que quelqu'un était à la maison et que ce qu'on
racontait était faux.
*
Sur le tard, lorsque la maman eut
confié son seul espoir à Dieu, la
porte s'ouvrit brusquement et une voix malveillante qui s'accordait avec le regard lui dit:
—II t'a bien dressé ton mari espèce
de bandit! Tu ne veux rien dire et
rien écrire! Mais attends, on aura de quoi te faire parler! Viens...
Elle se leva chancelante, prête à tout.
Ils sortirent dans le couloir et
s'arrêtèrent après quelques pas. Avec un geste de mépris il lui tendit sa carte d'identité en disant:
—Réfléchis jusqu'à la prochaine fois, car ça ne
prend pas avec nous!
**
Les aiguilles de l'horloge
tournaient toujours. La plus petite avait fait entièrement le tour et maintenant elle se trouvait à nouveau sur 10. La grande
tournait plus vite et Danutz était
curieux de savoir quand elle se superposerait à la petite. Il pensait qu' après cela elle devrait
arriver sur le chiffre 12 et que
c'est seulement alors qu'il devrait appeler son grand-père au téléphone comme lui avait dit
sa maman...
Il entendit à ce
moment la clé tourner dans la serrure...
—Mimi, j'avais encore un tout petit
peu à attendre et j'aurais
appelé grand-père. Il m'a téléphoné vers midi pour me demander de tes nouvelles et je lui ai
répondu comme tu voulais que tu
étais partie faire des courses. Les bougies ont suffi.
—Dis-moi, mon petit Danutz, est-ce
que tu as été absent pendant un
moment de la maison?
—Non Mimi, je ne suis pas sorti, j'ai prié tout le
temps pour vous!
Elle le serra sur
son cœur et Danutz lui demanda: —Mais quand est-ce qu'il va rentrer
papa?
Et papa n'est plus revenu...
jamais...
Pour Danutz, son
papa est resté l'image d'une photo..